1952 - 1953 : L'Oise

J'ai cinq ans, je vais donc passer ma dernière année avant l'école primaire chez mes grands-parents maternels à Estrées-St-Denis, dans l'Oise, pendant que ma grande-sœur sera chez notre grand-mère paternelle (je n'ai jamais connu mon grand-père, décédé en 1940, probablement d'une tuberculose) dans le Limousin. Ma mère finira par rejoindre mon père qui a temporairement trouvé un emploi dans une usine textile du côté de Valence.

Le site de la ville : "Estrées Saint Denis"

Mes grands-parents habitaient rue de l'Eglise, à peu près à hauteur de la charrette visible sur cette carte postale ancienne (web). C'était la rue commerçante du village, ont y trouvait l'essentiel pour les achats courants. Mon école était au niveau de la maison blanche visible au fond de la rue. A l'autre extrémité, il y avait une ferme où ma grand-mère allait chercher son lait tous les soirs. Une fois par mois, elle se rendait à la gare avec sa petite carriole à deux roues pour faire son "plein" à l'économat (mon grand-père était retraité de la SNCF). L'univers me semblait terriblement rétrécis et le confort assez sommaire (pas de salle de bain dans la maison, les "cabinets" au fond de la cour, un seau dans la chambre pour la nuit...). En revanche, on pouvait jouer assez librement dans le village où tout le monde se connaissait.

C'est cette année-là que j'ai vu tomber de la neige pour la première fois. Et c'est au cours de cet hiver que j'ai attrapé "un point de pneumonie" pour laquelle ma grand-mère m'a appliqué des synapismes (cuisant souvenir, la médecine a rudement progressé depuis). Ma consolation : son chat passait des heures couché sur moi sans que mon grand-père (qui n'était pas vraiment un rigolo) n'ose le chasser.

Dans le jardin de mes grands-parents, quelques années plus tard, avec ma famille, la sœur de ma mère et ma cousine, ainsi qu'une amie de ma sœur.

L'ancienne maison de mes grands-parents. En 2013, la rue de l'Eglise est devenue "de la République" et est en zone bleue (à l'époque, les voitures étaient rares).

Ils n'occupaient pratiquement pas l'étage : deux chambres réservées à la famille de passage et une pièce "interdite", conservée par le propriétaire du bâtiment (celle-là même dont le volet est toujours clos actuellement). Les deux fenêtres en façade correspondaient à la salle-à-manger qui n'était utilisée que lorsqu'il y avait "du monde". En fait, ils vivaient dans deux pièces donnant côté cour : la chambre, où se trouvait également mon propre lit, et la cuisine qui était la "pièce à vivre" et dont la cuisinière (à charbon) était le moyen principal de chauffage de la maisonnée.

En 2012 : l'ancienne maison de ma famille paternelle à Saint-Junien (Haute Vienne) où ma sœur a passé cette année-là (sa scolarité aura donc été bien plus perturbée que la mienne car elle n'a jamais accompli un cycle complet dans une même région). Je l'ai rejointe quelques semaines pendant les grandes vacances de 53, seule période où j'ai connu ma grand-mère maternelle (décédée pendant l'hiver 54).

Nous y sommes souvent venu en vacances pendant les années 50 mais ma mère n'aimait ni la région ni la maison. Elle fut louée en partie, puis en totalité après notre départ au Maroc, pour finalement être vendue quand mes parents ont acheté un appartement à Collioure. Cependant, c'est à Saint-Junien que se trouvent les tombes de la famille et que mes parents sont enterrés, j'y fait donc souvent une halte sur la route des vacances (entre le Nord et Collioure).